Stage sur l'approche tissulaire
Début mars 2015, j’ai effectué un stage auprès de Alain Andrieux ostéopathe D.O. intitulé Approche tissulaire afin de perfectionner ma pratique ostéopathique. Je souhaite dans cet article vous faire découvrir cette approche, et pour les ostéopathes qui passeraient par ce blog, leur recommander cette formation. Les outils enseignés peuvent être appliqués dès le retour en cabinet et la main, ainsi que la présence thérapeutique, s’en trouvent perfectionnées.
L’approche tissulaire dans le champ ostéopathique
En ostéopathie, on peut distinguer les techniques musculo-articulaire, fasciale, viscérale, crânienne… et qui font la distinction entre les différents systèmes et structures du corps sur lesquels l’ostéopathe travaille. Avec l’approche tissulaire, l’ostéopathe travaille un volume de toute cette “matière vivante” 1 pour reprendre les termes du Dr Guimberteau, comme un tout unifié et en inter-dépendance permanente.
Lorsque aucune contrainte ne perturbe cette “matière vivante”, celle-ci se comporte de façon harmonieuse. Cependant, si elle n’est pas en harmonie (à cause d’un changement de qualité ou de mobilité tissulaire), tout le corps sera concerné par cette “dysharmonie” et devra alors s’y adapter. Il faut garder en mémoire que c’est le corps tout entier qui réagit aux pertes de qualité et mobilité tissulaires : “il n’y a pas de rupture dans la continuité des tissus qui le composent” 1. Nous retrouvons là les principes de globalité et d’inter-dépendance entre structures et fonctions chères aux ostéopathes.
Avec les techniques tissulaires, l’ostéopathe n’imposera pas à ce volume tissulaire (à cette “matière vivante”) un mouvement comme on peut le faire, par exemple, dans les techniques myotensives (de contracter-relâcher) ou de craquement articulaire (HVBA). C’est de cette “matière vivante” que l’ostéopathe recevra les informations : il écoute LES tissus dans leur globalité, dans un volume en 3 dimensions compris entre ses mains et, une fois la zone en restriction établie, il traitera ce volume en suivant les indications que lui fournissent les tissus.
Le stage “Approche tissulaire” d’Alain Andrieux
Ce stage est avant tout pratique et permet la mise en place et le perfectionnement des tests et techniques tissulaires. Des notions importantes ont été abordées dont (liste non exhaustive) 2 :
L’utilisation du cerveau droit plutôt que du cerveau gauche
Cette utilisation permet d’être dans “l’ici et le maintenant” et être “présent pour les tissus”. La main doit écouter et suivre les indications du corps et non pas le diriger ou l’analyser. Etait-ce l’utilisation du cerveau droit dont parlait R. Becker en parlant de “fulcrum spirituel” ?
La notion de fulcrums et de positionnement du praticien
Le mot “fulcrum” est un terme latin différement traduit en Français et en Anglais. En Anglais, sa traduction est “point d’appui” alors que sa traduction Française d’après serait Gaffiot “support”. En botanique, le terme latin “fulcrum” désigne selon Emile Littré “les pétioles et les crampons par lesquels les plantes se soutiennent”, comme les crampons d’un lierre s’accrochant sur un mur. Dans cette derniere traduction existe une notion de mouvement et d’évolution : les fulcrums (aussi bien ceux de l’ostéopathe que du patient) ne sont ni figé dans le temps, ni figé dans l’espace. En effet, que ce soit dans l’écoute ou le traitement tissulaire, l’ostéopathe utilisera ses fulcrums de façon mobile. Il en est de meme pour les fulcrums du patient : ceux-ci changent, s’adaptent aus restrictions et se modifient au fur et à mesure que se déroule le travail tissulaire. “La main doit être au service des tissus” 2 : le praticien doit donc être stable tout en restant mobile sur ses points d’appui afin de détendre au mieux ses mains et pouvoir suivre les indications fournies par le corps du patient. Leur utilisation permet à l’ostéopathe : “la sûreté du geste, le confort du patient et l’amélioration des sensations de la main” 2 mais aussi de ralentir la main pour la mettre en accort avec le tempo des tissus.
L’écoute et les attractions tissulaires
Les attractions tissulaires permettent une véritable lecture du corps grâce à une écoute des tissus par les mains du praticien. L’écoute tissulaire sert à “l’enregistrement d’un mouvement alterné dans les 3 dimensions de l’espace qui exprime la normalité” 2. Lorsqu’une zone est en restriction de mobilité ou a perdu sa qualité tissulaire, elle mettra en contrainte le reste du corps qui devra s’y adapter. L’écoute sert alors à “la mise en évidence de l’absence de ce mouvement (NB du mouvement alterné dans les 3 plans de l’espace), remplacé alors par la perception d’une attraction tissulaire unidirectionnelle et dans une certaine mesure, de sa profondeur.” 2 Il faut laisser le temps au volume tissulaire de donner les informations de mouvement (toujours dans ses 3 plans de l’espace) afin “d’avoir l’organisation finale du volume et non pas juste une étape de son organisation” 2. Une remarque très juste a été évoquée : “La main veut toujours aller trop vite”. 3 Une fois cette zone en restriction établie, les attractions tissulaires devront être affinées et interprétées. Les restrictions s’affichent dans un ordre précis qu’il faut respecter, car cet ordre est “la façon dont le corps s’est organisé”. 2
Le traitement ostéopathique par l’approche tissulaire
Une fois la zone de restriction établie grâce aux attractions tissulaires, le praticien utilise ses fulcrums afin de suivre la direction donnée par les tissus pour que ceux-ci se libèrent. Les mains de l’ostéopathe vont dans le sens de la facilitation du mouvement (déroulé fonctionnel) et donc dans le sens de la moindre contrainte jusqu’à l’obtention de l’équilibre. Ici, c’est le principe d’auto-guérison qui prend tout son sens car le praticien sert de point d’appui aux tissus du corps afin que ceux-ci retrouvent équilibre, liberté de mobilité et enfin qualité. Le principe d’écoute est primordial et l’ostéopathe n’induit pas les tissus, mais suit leurs mouvements car “seuls les tissus savent” 4.
La globalité du corps, la continuité et la connexion des organes
Pour comprendre cette notion de globalité, de continuité dans le corps et de “matière vivante” sur laquelle travaille l’ostéopathe utilisant l’approche tissulaire, Alain Andrieux nous a fait découvrir le fabuleux travail sur le Système Collagénique Multimicrovacuolaire d’Absorption Dynamique (ou M.C.D.A.S.) du tissu conjonctif réalisé par le Docteur Guimberteau. Le M.C.D.A.S. est un ensemble de micro-vacuoles polygoniques formées par l’entrecroisement de micro-fibrilles de collagènes :
L’ensemble intra-vacuolaire (NB du M.C.D.A.S.) permet de résister à la compression alors que les fibres de collagène ou d’élastine résistent à la tension en développant des capacités à se déplier et replier sous la contrainte mécanique. (…) Toutes les structures de l’architecture réparties dans l’espace sont donc réactives à la moindre tension accrue sur l’un des éléments et transmise à tous les éléments, même éloignés. Toute compression locale change la tension globale. Dès son élaboration, la forme ne peut être qu’en équilibre. (…) Cette perception de l’ensemble du corps, en termes de structures fibrillaires, chaotiques, fractales, au sein même d’une forme, permet d’avoir une vision de la souplesse, de la cohérence, de la continuité. 1
Les attractions tissulaires sont perçues par l’intermédiaire de ce tissu conjonctif et d’autant plus fortement que les mains de l’ostéopathe sont proches de la zone en contrainte. C’est ce tissu conjonctif qui permet de comprendre la continuité et l’interdépendance de toutes les structures de l’organisme : c’est lui qui fait le lien entre les organes et qui est la charpente de la matière vivante. Il a la capacité d’absorber les mouvements des différents tissus du corps puis de revenir à sa forme initiale une fois les contraintes levées. Avec l’approche tissulaire, le traitement effectif d’une restriction se ressentira par un relâchement de la “masse vivante”, mais aussi par le retour à cette forme initiale du tissu conjonctif. L’ostéopathe ressentira ainsi ses 2 mains comme repoussées l’une de l’autre, la “masse vivante” reprenant sa forme, son volume et sa plasticité originels.
Pour mieux comprendre ce M.C.D.A.S., le Dr Guimberteau donne une soirée conférence](https://web.archive.org/web/20150310135046/https://www.endovivo.com/fr/conferences.php) intitulée “ballade sous la peau” sur Paris, le 1er avril dont voilà un petit aperçu :
Sources
Jean-Claude Guimberteau chirurgien, Institut Aquitain de la main. La mécanique du glissement des structures sous cutanées chez l’homme. Mise en évidence d’une unité fonctionnelle : la microvacuole ↩ ↩2 ↩3
Alain Andrieux ostéopathe D.O., Propos rapportés lors du stage Approche tissulaire niveau 1, FCOP mars 2015 ↩ ↩2 ↩3 ↩4 ↩5 ↩6 ↩7
Alain Bedouet ostéopathe D.O., Propos rapportés lors du stage Approche tissulaire niveau 1, FCOP mars 2015 ↩
Rollin Becker ostéopathe ↩